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5.30.2014

ON A VU PIRE ?....








" Vous n'allez pas me croire, le Président m'a parlé de vous, il voulait trois pages sur les violences urbaines pour demain..." Maximilien se tenait au bord de la fenêtre et comme d'habitude, regardait sans voir.
Bôzes était enfoncé dans le canapé de Lyautey, offert au ministre par le roi du Maroc, avec son ordinateur sur les genoux. Il eut l'air de ne pas entendre, son pied droit battait la mesure et un sourire de satisfaction l'accompagnait à mesure qu'il suivait un texte en lettres bleues sur fond jaune..." C'est un blog, Max, une fille qui a tout vu tout entendu... vingt cinq ans... elle écrit mieux que Debray, Sollers, Desforges et consoeurs au même âge... j'en passe... Elle raconte la vie dans son quartier pourri... elle fait parler ses copains...elle a été l'élève de Jude Stéfan dans un lycée de sous-préfecture... elle bosse dans le dix-neuvième vers Max Dormoy... Pas mal, pas mal!..." Il releva les sourcils en direction du ministre, posa l'ordinateur sur le guéridon, croisa les mains sur sa nuque et dit avec lassitude " Maximilien je viens de recevoir un appel du Nain-jaune, il me demande lui aussi de faire une synthèse, il dit à tout le monde que Bel-Ami promet tout à n'importe qui, qu'il dit "nous" au lieu de "je"..., que sa fille pose dans les magazines et que le fiston prend de la hauteur..." 

Le Ministre leva les yeux sur le Philippe de Champaigne. Il se proposait de relire Saint-Simon... Il pensait au père de Montaigne qui sautait armé sur son cheval à près de quarante ans. Il s'étonnait de l'incroyable vigueur du premier dix-septième siècle, du rayonnement d'une langue qui durerait encore trois siècles... Il avait la nausée des proses contemporaines, sèches comme des triques ... proses de culs serrés, proses d'avocats du bon Dieu et de comptables, proses à tout faire du politiquement correct... proses des traîtres à l'homme et aux bêtes... proses morales d'épaves entretenues... proses de bons à rien sauf la prose... " Notre classe moyenne ne veut plus rien savoir, la France les ennuie, ne les intéresse pas, l'Europe non plus... ils sont essoufflés dans la tête, retraités avant l'heure... truqués par des erzatz de socialisme, de religion, des montagnes de culture pour demi-cons, ils n'ont d'amitié que pour leurs fesses... De quoi exciter les serials-killers... Au contraire le sac de noeuds des banlieues grouille du pire et du meilleur. " 

Bôzes trouvait qu'il y allait fort, mais ce qu'il aimait chez Maximilien, c'était sa façon de flamber la paperasse des énarques :"Max, il va falloir en finir avec la fausse égalité, appeler un chat un chat. Les arabes ne sont pas des gitans et les noirs ne sont pas juifs... Les harkis ne sont pas des immigrés, les roumains pratiquent l'honnêteté à leur manière et les chinois de Paris sont immortels... Ce n'est pas simple d'expliquer à un alsacien que les corses font partie de la famille... On me signale à Toulouse, c'est une bonne soeur qui m'envoie la nouvelle... une tour de quinze étages où les services sociaux ont mis des harkis, des manouches, des arabes et des maliens ensemble ! les ascenseurs sont cassés tous les quinze jours! ils en sont à dix réparations depuis juillet! on devrait tenir compte des ethnies et des cultures... vous avez affaire à des jacqueries de frustrés... tout cela va durer tant que la bourse grimpe avec le chômage ... priez pour qu'ils ne s'organisent pas trop vite parce qu'avec des chefs, du fric et un argot efficace ils auront de vraies armes... Il ne suffira pas d'entraîner le 27ème bataillon de chasseurs alpins à la guerrilla urbaine...Il faudra dix régiments avec le tiers des hommes provenant de l'immigration !...  Max, la République n'a plus vingt ans, le cheveu noir, la poitrine généreuse, la corne d'abondance à la main.. elle est blondasse, liftée, vaguement institutrice... et fauchée... elle ne sait plus danser, caresse ses chats et ne regarde plus les hommes... Max si la politique ne fait pas bander, la société finira sur le trottoir..."
Maximilien ne répondit rien. Il regardait immobile les bleus et les verts du Philippe de Champaigne, il se tourna un peu, une larme s'arrêtait de justesse derrière ses lunettes :" Enfin Bôzes, on a vu pire , non?..."

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